Le député Jean-François Coulomme (LFI) en visite surprise à la prison d’Aiton

https://c.ledauphine.com/faits-divers-justice/2023/04/28/le-depute-jean-francois-coulomme-(lfi)-en-visite-surprise-a-la-prison-d-aiton

« Bonjour, je suis le député Jean-François Coulomme ». Comme il en a le droit, le parlementaire LFI de Savoie s’est présenté pour une visite surprise du centre pénitentiaire d’Aiton, ce vendredi 28 avril.

Débarqué depuis trois semaines de Brest, à peine familiarisé avec l’établissement, Fabien Boivent, 39 ans, le directeur du centre pénitentiaire d’Aiton, a été « pris de court ». C’est un peu le principe du droit de visite surprise dans les lieux d’enfermement dont bénéficient les parlementaires.

Pour autant, ce vendredi 28 avril au matin, il a chaleureusement accueilli le député LFI de Savoie, Jean-François Coulomme, quelques minutes à peine après que celui-ci s’est présenté, et il lui a ouvert toutes les portes qu’il souhaitait, avec le renfort de son équipe de direction : sa directrice adjointe, Marion Barthélémy, la directrice de détention, Mathilde Zunino, et l’attachée administrative, Ihlame Metioune.

Si le député a voulu visiter la prison, c’est par intérêt pour les conditions de détention en tant que membre de la Commission des lois, et parce qu’il y a moins de trois mois, un détenu en a tué un autre dans une cellule de la maison d’arrêt. « En quelques mois, en France, nous avons subi quatre crimes commis en prison : l’assassinat d’Yvan Colonna et trois autres à Arles, Saint-Étienne, et Aiton », a constaté le député.

Dans la mesure où la fragilité mentale des détenus impliqués serait en cause – « l’administration pénitentiaire évalue entre 10 et 20 % le nombre de détenus qui ont des troubles du comportement »-, il a prêté un intérêt tout particulier à l’accompagnement sanitaire dans l’établissement. Aiton bénéficie d’un important service détaché par le Centre hospitalier métropole Savoie (CHMS Chambéry) et par le Centre hospitalier spécialisé de Bassens. La prison a, également, le privilège de disposer d’appareillage d’imagerie médicale ainsi que d’un cabinet dentaire.

Le travail en prison plus difficile à proposer depuis la Covid

Le député a passé en revue tout ce qu’il pouvait : le quartier des arrivants, une section de la maison d’arrêt (peines inférieures à deux ans et personnes en attente de jugement), une du centre de détention (peines supérieures à deux ans). Après la santé, c’est au sujet du personnel qu’il a interrogé le chef d’établissement. « Il est absolument indispensable qu’il y ait les personnels d’encadrement et de surveillance suffisants au bon fonctionnement de tous les services. Il en va de la sécurité de tous. » Le centre pénitentiaire compte 129 postes dont 121 sont pourvus. Les autres sont vacants en raison des difficultés de recrutement de l’administration pénitentiaire.

Le travail des prisonniers, ensuite : le député a été apostrophé par un détenu incarcéré depuis un an et qui n’arrive pas à obtenir un travail. « Avant la Covid, nous avions 110 places en atelier. Maintenant, nous en avons 60 », a expliqué le directeur. Là aussi, les habitudes de travail bouleversées par la pandémie, les entreprises préféreraient à présent une autre main-d’œuvre.

Enfin, dernier thème prévisible de préoccupation du député : la surpopulation carcérale. Aiton reçoit uniquement des prisonniers hommes majeurs. Ils sont actuellement 182 pour 200 places au centre de détention (un prisonnier par cellule), et 340 pour 200 places (deux détenus par cellule) à la maison d’arrêt pleine à 160 %. « La surpopulation est un problème qu’au-delà d’un certain seuil, le personnel ne peut pas résoudre à effectif constant », considère Jean-François Coulomme.

Courtes peines en bracelet électronique et recrutement de personnel semblaient être les voies à privilégier pour la résolution d’une partie du problème carcéral, selon le parlementaire, au sortir de sa visite du centre pénitentiaire.

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